Trois femmes créatrices de jeux

Basée à Gujan-Mestras, Somuko crée et édite des jeux de société. Trois femmes sont à la manœuvre. Depuis peu, elles conseillent également les jeunes créateurs  

La maison d’édition de jeux de société Somuko a été créée en 2016. Derrière cet acronyme reprenant la première syllabe de leurs prénoms se trouvent trois femmes : Sophie TERRADES, Murielle GARRIGUE et Corinne CAZADE. C’est chez cette dernière, à Gujan-Mestras, qu’est domicilié le siège social et se trouve aussi l’origine du projet.

Infirmière de profession, Corinne CAZADE a été victime en 2010 d’un grave accident d’équitation qui l’obligea à renoncer à son activité. Immobilisée, elle s’est mise à l’écriture racontant notamment son parcours et rejoignant l’association d’autoédition A4PM à Gujan-Mestras. C’est là qu’elle rencontre Murielle GARRIGUE, l’auteur « Pour les yeux d’Efeldie », à qui elle propose spontanément de créer un jeu inspiré de cette nouvelle fantastique. « Sophie, la nièce de Murielle, se charge de l’illustration et nous voilà parties » explique Corinne CAZADE sans se départir de son sourire.

SOMUKO | Portraits d'entreprises

Un parcours fait de rencontres

Leur premier jeu, « La quête d’Olan », les trois femmes le font fabriquer en France à 1500 exemplaires et, plateaux sous les bras, arpentent les salons dédiés. « C’est un jeu artisanal, perfectible et qui plaît aux familles. Avec lui, nous avons participé au festival international des jeux de Cannes, nous ne doutions de rien. » C’est là qu’elles rencontrent Alex ERCEAU, un illustrateur qui travaillera sur leur second jeu, « Potions et sortilèges » édité à 3000 exemplaires et qui reste à ce jour leur plus grand succès.

« Tout notre parcours a été fait de rencontres » résume Corinne CAZADE. Un parcours pour le moins semé d’embuches, les petits éditeurs ne faisant pas le poids face aux mastodontes en termes de visibilité dans les magasins de jeux. Alors, afin de se faire connaître, les trois associées ne ménagent pas leur peine, présentant leurs jeux sur les marchés (de mai à septembre à La Teste-de-Buch et tout l’été à Arcachon) et démarchant les enseignes dans lesquelles elles participent aussi à des animations. Auchan Biganos est le premier à croire en elles. D’autres enseignes suivent, ainsi que des boutiques.

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Pour Marine Michelier, c’est un changement de vie. De ceux qui permettent, parfois à la surprise générale, de trouver sa place. Agée de 33 ans, cette entrepreneuse a repris le 1er avril 2021 le Pressing Océanide, place du marché à La Teste-de-Buch. Un commerce installé depuis 16 ans. Après avoir été assistante commerciale et agent immobilier, la jeune femme qui se définit elle-même comme une « touche-à-tout » explique son appétence pour le linge.

« Il m’a toujours attirée » dit-elle sans se départir de son sourire, devenu aussi sa marque de fabrique. « A la maison, déjà enfant, parmi les tâches ménagères, c’est vers lui que j’allais. Et je ne sais vraiment pas pourquoi ! » Rapidement, Marine s’est tournée vers le zéro déchet, fabriquant elle-même sa lessive à renfort de savon de Marseille, bicarbonate et cristaux de soude. Alors, quand pour des raisons personnelles elle a quitté l’Ile de France pour s’installer dans la région Bordelaise, elle s’est d’abord mise en quête d’une laverie.

« J’ai fait une étude de marché. Et, par hasard, ai appris que le pressing Océanide était à vendre. J’ai débarqué comme une fleur, le 5 janvier et demandé à faire un test de quinze jours avec l’ancienne propriétaire. Dès le premier soir, je savais que c’était ça. » A l’issue d’une période de tuilage de quatre mois, Marine a officiellement repris le commerce. Avant elle, trois repreneurs potentiels s’étaient succédés, sans succès.

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Marine MICHELIER

De Formations et aides

Pour mener à bien son projet, elle a suivi deux formations au Centre technique de la teinturerie et du nettoyage (CTTN). L’une à Paris consacrée à l’utilisation des machines de nettoyage à sec, l’autre à Lyon autour des métiers du pressing et de la blanchisserie.

Elle s’est aussi rapprochée de l’Agence de développement économique BA2E avec laquelle elle a pu travailler sa stratégie et, surtout, rechercher des financements notamment dans le cadre de la transmission et reprise d’activité. « J’ai toujours été employée, toutes ces démarches m’étaient étrangères. BA2E a été d’une grande aide pour moi » témoigne-t-elle.

Dans le même temps, Marine s’est attelée à renouveler son parc de machines tout en refaisant sa vitrine et l’accueil de la boutique. Un relookage dans lequel elle exprime aussi sa sensibilité écologique n’utilisant que des produits de nettoyage sans phosphate ou parabène. La valise ouverte qui trône devant le comptoir témoigne de sa conviction environnementale. Elle regorge d’objets et accessoires offerts en libre-service. « Je déteste jeter, explique-t-elle. Chacun peut se servir et abonder en déposant aussi son propre don. Tant qu’on ne m’amène pas un frigo, c’est bon ! »

Marine espère également, à terme, se débarrasser du plastique et n’utiliser que des housses consignées. Elle lorgne aussi du côté de l’aqua-nettoyage, un procédé sans utilisation de solvant.

Des projets, elle n’en manque pas. Ce qui lui manque, aujourd’hui, c’est de la main d’œuvre. Notamment en haute saison. « L’été, ici, c’est du 9 heures, 23 heures. Je suis heureuse de ce que je fais. J’aime le côté marchande, c’est mon âme d’enfant. Même si je ne connais pas beaucoup d’enfant qui disent plus tard je voudrais tenir un pressing. Adulte, pour moi, c’est le bonheur ».

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Accompagnant aussi les jeunes créateurs

Ces projets concernent de nouveaux jeux dont un consacré au bassin d’Arcachon sur la thématique de la protection à l’environnement. Somuko est en phase de réalisation du prototype qui devrait être testé auprès d’enfants dès le mois de septembre. L’idée étant de pouvoir sortir le jeu finalisé pour Noël 2021. « Nous planchons également sur un autre jeu autour de la problématique du harcèlement scolaire » poursuit Corinne Cazade. Un univers d’autant plus éclectique que Somuko a rajouté une corde à son arc en proposant une nouvelle activité d’accompagnement des créateurs de jeux. Actuellement, la société travaille avec le Secours catholique sur un jeu autour de la cohésion sociale, avec une chercheuse de l’Inra sur le thème de la résistance aux antibiotiques, avec l’association des Amis du musée de l’hydraviation de Biscarrosse et également l’association Castillon 1453. « Vous jouez, nous créons », le leitmotiv de Somuko prenant tout son sens.

Contact : somuko 149 cours de la marnes – 33470 GUJAN-MESTRAS – 06 08 13 61 21 https://somuko.fr/jeux/